Mali ssn review Chapter III draft


B.Questions liées à la pauvreté et au développement humain



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B.Questions liées à la pauvreté et au développement humain


  1. La bonne croissance économique passée et de plus importants investissements dans les services sociaux ont amené une diminution de l’incidence de la pauvreté. Sur la base des données d’enquête disponibles et des prévisions pour les comptes nationaux, on estime que le pourcentage de la population vivant en-dessous du seuil de pauvreté est tombé de 46,4 % en 2003 à 43,2 % en 2009. Il y a cependant des raisons de croire que le récent ralentissement de la croissance économique et la hausse des prix pétroliers et alimentaires peut avoir amené une baisse du revenu réel et inversé la tendance positive de la réduction de la pauvreté. En 2009, la stratégie d’aide-pays (SAP) a estimé que le revenu réel moyen avait chuté de 1,1 % en 2007 et de 3 % en 2008, et que le pourcentage de la population vivant en-dessous du seuil de pauvreté était remonté à plus de 45 % en 2008.4 La SAP soutient également que, même si l’impact immédiat de la crise du coton sur les producteurs est atténué par le « fonds de lissage », la tendance à la hausse de la pauvreté pourrait être exacerbée si l’impact de la crise financière mondiale, notamment sur le secteur cotonnier, se prolongeait à cause des liens étroits entre la production de coton, la génération du revenu rural et la production alimentaire au Burkina Faso.

  2. De même, le Burkina a fait des progrès satisfaisants dans l'accès des ménages aux services de base. Les indicateurs montrent des améliorations au niveau de l’eau potable et de la santé. L’accès global à l’eau potable est passé de 54 % en 2004 à 79 % en 2007, avec des avancées plus modestes dans les zones rurales. Les services de santé sont en moyenne plus accessibles grâce à l’augmentation constante du pourcentage du budget général consacré à la santé publique (de 7,4 % en 2004 à 9,9 % en 2006). Les taux de vaccination sont restés élevés, d’où de sensibles améliorations dans la lutte contre les maladies contagieuses avec, en particulier, une baisse de la mortalité par méningite (de 21 % en 2005 à 8,5 % en 2006). La prévalence du VIH/SIDA reste basse, à 2,03 % en 2006.

  3. Il reste cependant des défis importants, notamment lié au fait que le Burkina Faso est un des pays situés le plus bas au classement mondial de l'indice de développement humain (IDH) du PNUD (177e sur 182 pays en 2009). L’IDH révèle que i) le taux d’alphabétisation est encore bas (28,7 % en 2007) et la qualité de l’enseignement est préoccupante ii) les écarts subsistent entre les genres dans les taux de scolarisation, d’alphabétisation, d’achèvement du cycle primaire (seulement 40 % dans l’ensemble), et d’accès au premier cycle du secondaire, même si ces taux sont en hausse et iii) le taux brut d’admission en première année primaire est de 82 %. En plus des enfants qui ne peuvent pas entrer à l’école primaire, plus d’un tiers de ceux qui la fréquentent ne peuvent pas poursuivre des études secondaires.

  4. De plus, la rapide croissance démographique pourrait empêcher le Burkina Faso d’atteindre ses OMD. Malgré la baisse impressionnante des taux de mortalité, la fécondité est restée très haute avec une moyenne de 6,2 enfants par femme. À cause de son retard dans la transition de la fécondité, le Burkina Faso a connu une poussée démographique phénoménale. Ceci est mis en évidence par la densification de la population, notamment dans les zones cultivables. Depuis l’indépendance, la population urbaine a été multipliée par onze, tandis que la population rurale a triplé. Actuellement, le Burkina Faso doit faire face chaque année à 600 000 nouveaux-nés vivants, contre 200 000 en 1950. Enfin, l’accroissement rapide de la population a également toute une série de de conséquences pour l’économie dans les domaines de la productivité de la main d’œuvre, de l’épargne, de la croissance, du niveau de vie et de la réduction de la pauvreté.

C.Tendances de la pauvreté, vulnérabilité et profil de la pauvreté


  1. Suivre les tendances de la pauvreté au Burkina Faso est un défi, malgré un assez grand nombre d’enquêtes. Depuis 1994, quatre enquêtes sur les priorités (1994, 1998, 2003 et 2009/2010, dont les résultats ne sont disponibles que pour les trois premières) et plusieurs QUIBB (2003, 2005, et 2007) ont été entrepris par l’INSD. Des études qualitatives ont également été réalisées pour évaluer les risques auxquels les ménages sont confrontés et la vulnérabilité de ceux-ci. Malheureusement, ces diverses études utilisent des méthodologies différentes et ne sont pas directement comparables. Les constats tirés des enquêtes sur les priorités 1994, 1998, et 2003 de l’INSD montrent une hausse des principaux indicateurs de la pauvreté, surtout en zone urbaine, comnme l’indique le Tableau 1.

Tableau  : Indices de pauvreté selon le lieu de résidence

 

Incidence

Profondeur

Sévérité

Pourcentage

 

1994

1998

2003

1994

1998

2003

1994

1998

2003

1994

1998

2003

Urbain

10,4

16,5

19,9

2,5

4,0

5,5

0,9

1,5

2,2

3,8

6,1

7,8

Rural

51,0

51,0

52,3

16,1

15,7

17,9

7,0

6,8

8,2

96,2

93,9

92,2

National

44,5

45,3

46,4

13,9

13,7

15,5

6,0

5,9

7,0

100,0

100,0

100,0
Source : Institut national de la statistique et de la démographie (INSD), 2003.

  1. Pendant la période 1994-2003, le taux de croissance de la production a dépassé celui de la population de 3 points de pourcentage par an. Par conséquent, le PIB par habitant était de 14 % plus élevé en 1998 qu’en 1994, et de 13 % en 2003 qu’en 1998. L’inégalité est restée stable de 1994 à 1998 et a diminué de 1998 à 2003. De même, les tendances des indicateurs de bien-être non monétaire (éducation, santé et nutrition) ont montré une amélioration. La combinaison d’une croissance solide, d’une inégalité stable où en baisse, et de l’amélioration de plusieurs indicateurs de bien-être non monétaire devrait avoir eu un impact significatif sur la pauvreté.

  2. Malgré diverses incohérences dans les données d’enquête, on peut sans risques conclure que la pauvreté a diminué au Burkina Faso au cours des 15 dernières années et que, malgré les chocs récents, l’incidence de la pauvreté semble rester actuellement aux alentours de 40 % de la population. L’évaluation 2004 des risques et de la vulnérabilité au Burkina Faso conclut que la pauvreté pourrait en fait avoir décru entre 1994 et 1998, compte tenu des incohérences dans les données résultants i) de modifications dans la période pour laquelle les personnes interrogées doit faire appel à leur mémoire, qui ont entraîné des changements substantiels et erronés dans la consommation déclarée, donc dans le degré de pauvreté et ii) du calendrier de réalisation de l’enquête, qui a eu un impact non négligeable sur les tendances de la pauvreté, en particulier dans l’environnement aride de l’Afrique de l’Ouest, à cause des grandes différences de consommation entre les périodes de pré-récolte (période de pénurie) et d’après-récolte. Des ajustements ont été réalisés pour corriger les incohérences identifiées dans l’étude de 2004 mentionnée ci-dessus. Les résultats ajustés indiquent que la pauvreté a baissé au Burkina Faso de 44,5 % en 1994 à une valeur sitée entre 33 et 36 % en 1998, ce qui est conforme aux tendances macroéconomiques et à la dynamique des principaux indicateurs de bien-être non monétaire. De même, d’autres ajustements effectués dans le cadre du modèle de simulation macroéconomique pour l’analyse de la pauvreté (MSAP) permettent de penser que la pauvreté pourrait avoir diminué de 46,4 % en 2003 à 39,2 % en 2007 (cité dans Nouvé et coll. 2009). D’après l’estimation de la pauvreté prévue fondée sur les comptes nationaux, l’incidence de la pauvreté a baissé au niveau national de 46,4 à 43,2 % au cours de la période 2003-2009 (Voir Tableau 2). Il est important de veiller à ce que les futures analyses de la pauvreté tiennent compte de la comparabilité entre les données des enquêtes. Une enquête complète auprès des ménages a été lancée en 2009/2010 et sera achevée à la fin 2010. Elle couvre une période de 12 mois sur la base de quatre visites aux ménages et est compartable à l’enquête 2003. Elle devrait fournir des informations fiables sur la pauvreté monétaire et sur les tendances. Les résultats de cette enquête sont attendus en 2011.

Tableau  : Estimations de la tendance de la pauvreté monétaire sur la base des comptes nationaux




2003

2005

2007

2009

Nationale

46,4

45,4

43,6

43,2

Rurale

52,3

51,4

50,4

48,8

Urbaine

19,9

20,9

19,2

20,6
Source : Les données pour 2003 sont fondées sur l’enquête sur les budgets des ménages, et les estimations pour 2005-2007-2009 sur les prévisions économiques de la DGEP.

  1. Enfin, une nouvelle étude a tenté d’éclairer quelque peu les tendances de la pauvreté au Burkina Faso.5 Elle met à profit une série d’enquêtes auprès des ménages appelées Questionnaire des indicateurs de base du bien-être (QUIBB), conçues pour suivre la mise en œuvre de la stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP), et le fait que les enquêtes 2003, 2005 et 2007 sur les priorités de l’INSD sont elles aussi fondées sur le modèle QUIBB. La principale différence réside dans le fait que les enquêtes sur les priorités contiennent des informations sur les revenus et les dépenses, tandis que le QUIBB se base sur les avoirs et les biens d’une part, et sur la perception qu’ont les ménages de leur niveau de bien-être d’autre part. L’enquête 2003 sur les priorités est également un QUIBB, ce qui a permis à cette étude d’utiliser la pauvreté monétaire en 2003 comme niveau de référence. Au stade actuel, il s’avère qu’il serait conceptuellement plus approprié d’utiliser la série des QUIBB pour suivre les tendances de la pauvreté (et sans doute aussi la vulnérabilité des ménages) et d’utiliser l’enquête 2003 sur les priorités (en attendant les résultats de celle de 2008) pour déterminer le profil de la pauvreté à un moment particulier.

Tendances de la pauvreté6

  1. En termes d’avoirs, comme le montrent les enquêtes QUIBB, la pauvreté a diminué de 46,3 % en 2003 à 38,5 % en 2007 (Tableau 3). Ceci concorde avec le schéma de la croissance économique, les indicateurs de bien-être non monétaire et les tendances de l’inégalité. Une tendance similaire est observée dans les zones tant urbaines (entre 19,9 et 13,0 %) que rurales (entre 52,2 et 43,9 %) sur la même période. Des tendances à la baisse semblables ont pu être observées dans la plupart des régions administratives, avec toutefois des niveaux de départ différents, des ralentissements et, parfois, une inversion au milieu de la période (2005). En termes d’avoirs, les régions du Nord-est et du Sud-est ont la plus haute incidence de pauvreté (plus de 60 %) Ces régions n’ont pas seulement connu très peu d’amélioration entre les dates des enquêtes, mais leur situation a également empiré en 2005. Cette dégradation peut s’expliquer par les effets des basses précipitations et par les invasions de criquets de 2004 qui ont frappé l’agriculture, surtout dans les régions agro-écologiquement fragiles, ce qui a contribué à la hausse des prix alimentaires observée en 2005. Ce phénomène est visible dans les données décrivant la vulnérabilité alimentaire (Tableau 3). L’information recueillie auprès des ménages sur leur capacité à satisfaire leurs besoins alimentaires montre clairement une pointe en 2005, avant un retour à des niveaux inférieurs en 2007. Les effets varient selon la situation géographique et, dans une certaine mesure, selon le niveau initial des avoirs familiaux. Les ménages urbains ont vu leur vulnérabilité alimentaire augmenter de 5,6 % entre 2003 et 2005, alors que les ménages ruraux ont subi une hausse beaucoup plus marquée, allant jusqu’à 18,5 points de pourcentage sur la même période. Les régions Nord-est, Sud-ouest ainsi que celle des Cascades ont été les plus touchées par le choc de 2004-2005, et ne semblaient pas s’en être complètement rétablies en 2007 si on les compare avec d’autres régions. Même s’ils ont été touchés au même titre que les autres groupes, les ménages qui avaient les plus hauts niveaux d’avoirs en 2003 ont pu mieux surmonter le choc de 2004-2005. Ceci est particulièrement vrai dans les centres urbains et dans quelques secteurs de la région Centrale.

  2. L’étude 2009 (Nouvé et coll.) a combiné les indicateurs d’avoirs et de vulnérabilité alimentaire au cours du temps, afin de définir une typologie régionale des ménages. Cette approche identifiait trois régions distinctes, reflétant le niveau de dépenses des ménages, leurs avoirs, leur vulnérabilité aux chocs alimentaires ainsi que leur résilience aux chocs pendant la période 2003-2007. La typologie régionale distingue i) la région Nord-est caractérisée par une consommation moyenne, des avoirs limités, une forte précarité et une situation de stagnation ii) la région centrale caractérisée par une faible consommation, des avoirs moyens, une précarité moyenne et une situation en progrès iii) les régions de la capitale et du Sud caractérisées par une consommation élevée, des avoirs importants, une précarité limitée et une situation en progrès (Tableau 3). Le message sous-jacent de cette approche est que la prise en compte des risques et de la résilience aux chocs est essentielle pour la formulation de politiques solides et pour le choix des interventions visant la pauvreté et la vulnérabilité.

Tableau : Incidence de la pauvreté et vulnérabilité alimentaire par régions administratives




Pauvreté

monétaire

Pauvreté basée sur les avoirs

ou les biens

Vulnérabilité alimentaire

(Incapacité à satisfaire les besoins alimentaires)




2003

2003

2005

2007

2003

2005

2007

























NATIONALE

46,4

46,3

40,4

38,5

49,1

65,4

38,2

Lieu de résidence






















Rural

52,3

52,2

45,5

43,9

50,7

69,2

39,4

Urbain

19,9

19,9

16,3

13,0

41,5

47,4

32,1

Régions du Nord-est






















Sahel

37,2

62,7

83,7

67,1

50,2

86,8

52,5

Centre-nord

34,0

64,0

55,4

50,5

45,0

90,6

42,4

Est

40,9

76,6

63,1

73,2

45,3

72,0

34,7

Région centrale






















Nord

68,6

43,8

37,7

23,6

70,9

72,1

23,7

Boucle du Mouhoun

60,5

51,3

42,5

35,8

46,4

52,5

29,0

Centre Ouest

41,3

44,7

40,2

39,4

61,3

64,9

45,8

Plateau central

58,6

37,5

27,1

36,4

71,3

64,9

38,3

Centre-sud

66,1

45,1

29,6

26,4

54,9

65,7

43,5

Centre-est

55,1

40,2

40,7

38,4

43,6

73,7

48,9

Sud-ouest

56,6

69,3

63,5

60,2

58,6

75,5

66,9

Capitale/Régions du






















Centre Sud

22,3

10,5

7,1

7,8

41,7

50,6

31,9

Hauts Bassins

34,8

28,7

21,8

17,0

27,0

44,0

22,7

Cascades

39,1

54,2

23,4

47,4

34,9

39,6

47,7
Source : Nouvé et coll., non publié 2009 fondé sur les QUIBB 2003, 2005, et 2007de l’INSD.

Figure  : Typologie régionale du Burkina Faso



Source : Nouvé et coll. non publié 2009 fondé sur les QUIBB 2003, 2005, et 2007 de l’INSD.

Risques, chocs et vulnérabilité

  1. Au Burkina Faso, les ménages sont confrontés à plusieurs catégories de risques, tels que les risques naturels et alimentaires, les risques économiques et sociaux, l’instabilité régionale, la santé et autres risques individuels. Ces risques constituent un facteur majeur d’accentuation de la vulnérabilité des pauvres aux pénuries de consommation et à la montée saisonnière de l’incidence de la pauvreté.

Risques naturels (sécurité alimentaire)

  1. La situation géographique du Burkina est en soi une source de vulnérabilité. Située en Afrique subsaharienne, le Burkina est généralement sec et son sol est aride. Au nord, règne un climat de steppe semi-aride (sahélien), caractérisé par trois à cinq mois de pluies, souvent irrégulières. Vers le sud, le climat se fait de plus en plus tropical humide ou sec (soudanien), caractérisé par une plus grande variabilité des températures et des précipitations, avec un total de précipitations plus important. Comme dans la plupart des autres pays subsahariens, il y a une forte corrélation entre la production agricole et les niveaux des précipitations au Burkina. L'activité agricole du pays est associée à un niveau de risque élevé, à cause des fluctuations intra et inter annuelles du régime des pluies. Ces fluctuations ont des impacts immédiats sur la production agricole, donc sur le revenu et le niveau de bien-être des agriculteurs. De plus, le Burkina Faso dépend depuis toujours de manière prédominante de l’agriculture extensive pour satisfaire les besoins alimentaire de ses habitants.

Risques économiques (modalités des chocs commerciaux)

  1. L’agriculture représente plus d’un tiers du PIB du Burkina Faso. Jusqu’au récent boom minier, le coton et le bétail étaient les deux principaux biens d’exportation du Burkina. Le secteur cotonnier est le principal moyen de subsistance de quelque 3 millions de personnes, et représente environ 65 % des recettes d’exportation. Récemment, le marché mondial a connu un déclin des cours du coton. Ce choc sur les prix a été plus tard aggravé par un décalage du change entre les coûts de production et les prix à l’exportation. Le coton est vendu en dollars EU alors que les agriculteurs burkinabés sont payés en francs CFA. Comme la monnaie du Burkina est liée à l’euro, la récente appréciation de ce dernier par rapport au dollar a eu des implications directes pour les producteurs de coton, en abaissant leurs marges bénéficiaires. C’est pourquoi la capacité d’exportation limitée du pays le rend vulnérable à la volatilité des cours mondiaux des produits agricoles, et entraîne des fluctuations imprévisibles des revenus des ménages dans les zones rurales. Elle est également source de volatilité pour les recettes d’exportation du pays et pour les finances de l’État. Ces risques économiques peuvent entraîner une réduction des revenus, à cause soit du chômage, soit d’une diminution des activités génératrices de revenus dans l’agriculture, le petit commerce et la petite industrie.

Risques géographiques (dépendance vis-à-vis de la stabilité régionale)

  1. Le Burkina est un pays enclavé, qui dépend de ses voisins pour l'entrée et la sortie des marchandises et, parfois, pour la migration des travailleurs. Cette dépendance géographique rend l’économie du pays vulnérable à toute instabilité politique dans la région. Par exemple, le conflit en Côte d’Ivoire a affecté l’économie du Burkina Faso de plusieurs manières i) interruption du commerce dû à la difficulté de transporter des marchandises de et vers le port d’Abidjan ii) déficit des recettes de l’État dû à la chute des recettes fiscales (douanières) iii) augmentation des dépenses pour la prise en charge des Burkinabés revenant au pays et iv) réduction des envois de fonds des travailleurs à l’étranger.

Risques de santé (coût et manque à gagner)

  1. La pauvreté et la santé sont interdépendantes. La pauvreté compromet l’état de santé, et les problèmes de santé contribuent à la pauvreté monétaire. La médiocre situation sanitaire du pays se caractérise par des taux élevés de mortalité infantile et néonatale, de mortalité maternelle et de prévalence du VIH/SIDA. La malnutrition est aussi largement répandue. La malaria est la principale cause de morbidité et de mortalité infantiles au Burkina, les suivantes étant les maladies diarrhéiques et les infections respiratoires aiguës. Les épidémies récurrentes de rougeole et de méningite cérébrospinale sont aussi des préoccupations majeures au Burkina. Les risques de santé entraînent une perte de temps de travail, périodique ou permanente, qui réduit les revenus ainsi que la capacité à faire face à d’autres chocs.

Risques sociaux

  1. Les ménages du Burkina Faso sont confrontés à divers événements liée au cycle de vie, comme les enterrements et les mariages, ainsi qu’à d’autres risques comme l’invalidité ou les blessures. Cela exige souvent des dépenses supplémentaires et/ou des manques à gagner, au détriment des ressources disponibles pour les besoins essentiels. Les ménages qui sont exclus des ressources communes et des réseaux informels, ou qui n’y ont pas accès, sont confrontés à de graves difficultés.

  2. Grâce aux QUIBB 2003, 2005 et 2007, Nouvé et coll. (non publié 2009) ont montré que, au fil du temps, la vulnérabilité varie entre les groupes en fonction du patrimoine, de la capacité à satisfaire leurs besoins alimentaires et du lieu de résidence des ménages. La gravité et la fréquence des chocs, ainsi que les facteurs qui les composent, peuvent avoir des impacts différents selon les groupes. L’étude a identifié quatre groupes de ménages sur la base de leur niveau de pauvreté en avoirs et de leur capacité à satisfaire leurs besoins alimentaires i) les ménages non pauvres et non vulnérables à la baisse de la consommation alimentaire ii) les ménages non pauvres, mais vulnérables à la baisse de la consommation alimentaire iii) les ménages pauvres mais non vulnérables à la baisse de la consommation alimentaire et iv) les ménages pauvres et vulnérables à la baisse de la consommation alimentaire. On peut utiliser cette typologie pour déterminer l’étendue de la pauvreté chronique. La catégorie définie comme « pauvre et vulnérable à la baisse de la consommation alimentaire » pendant la période 2003-2007 pouvait être considérée comme une variable de remplacement pour la pauvreté chronique. Dans ce contexte, les pauvres chroniques sont des personnes non seulement vulnérables à la baisse de la consommation alimentaire, mais aussi peu capables d’augmenter leurs revenus et donc vouées à rester pauvres dans un avenir proche. Leur pourcentage est tombé de 25,4 % en 2003 à 18,8 % en 2007, après une pointe à 31,1 % en 2005 après le choc climatique de 2004. Le pourcentage global des pauvres a évolué de 46,4 % en 2003 à 40,4 % en 2005 puis à 38,5 % en 2007. C’est donc la proportion entre les personnes pauvres chroniques et les personnes pauvres et vulnérables à la pauvreté qui change en cas de choc (Figure 3).

Figure  : Typologie des ménages au Burkina Faso (nationale)


Source : Nouvé et coll. inédit 2009 fondé sur les QUIBB 2003, 2005, et 2007 de l’INSD.

  1. Le tableau est très différent si on compare les ménages ruraux et urbains. La pauvreté chronique en zone urbaine a diminué de presque la moitié (de 12,5 % en 2003 à 6,7 % en 2007), avec toutefois un palier en 2005. Cependant, la pauvreté chronique n’a pas diminué dans les mêmes proportions en zone rurale qu’en zone urbaine. Elle n’est passée que de 28,2 % à 21,4 %, avec une pointe à 35 % en 2005 après le choc de 2004 (Figure 4).

Figure  : Typologie des ménages au Burkina Faso (zones rurales/urbaines)


Source : Nouvé et coll. non publié 2009 fondé sur les QUIBB 2003, 2005, et 2007de l’INSD.

Profil de la pauvreté

  1. Comme dit plus haut, l’enquête 2003 sur les priorités a été utilisée pour déterminer le profil de la pauvreté au Burkina Faso. L’enquête 2003 apporte la plus récente information disponible sur la consommation des ménages. L’enquête 2009-2010 auprès des ménages actuellement en cours comporte aussi des informations sur la consommation et les dépenses des ménages, mais ces données ne sont pas encore disponibles. Selon l’enquête 2003 sur les priorités, un ménage pauvre typique se compose de sept membres ou plus, a à sa tête un homme polygame, illettré ou avec un niveau d’études primaires inférieures, qui est agriculteur dans une zone rurale de la région Nord-est.

  2. La pauvreté reste un phénomène à prédominance rurale le pourcentage des personnes pauvres vivant en milieu rural atteignait 92,2 %, alors que leur représentation dans la population totale est inférieure d’environ 10 points de pourcentage (81,8 %). De plus, l’incidence de la pauvreté en zone rurale est deux fois supérieure à celle des zones urbaines (52,3 % contre 19,9 %). Dans les zones rurales l’écart de pauvreté est de 17,9 %, soit plus du triple de celui qu’on observe en milieu urbain (5,5 %)

  3. Les valeurs régionales de la pauvreté montrent que la Région centrale est parmi les plus pauvres, avec un taux de pauvreté situé très au-dessus de la moyenne nationale. Cette région héberge plus de la moitié des pauvres du Burkina Faso (part de population), et affiche aussi l’écart de pauvreté le plus élevé. Les régions Nord-est et Sud viennent en deuxième position, avec des taux de pauvreté légèrement inférieurs à la moyenne nationale, et la région de la Capitale montre la plus basse incidence de la pauvreté (environ la moitié de la moyenne nationale) (Tableau 4).

Tableau  : Pauvreté selon le lieu de résidence et la région administrative, 2003




Incidence de la pauvreté

Pourcentage de la pauvreté

Écart de
pauvreté





%

%

%

NATIONALE

46,4

100

15,5













Zone




100




Rurale

52,3

92,2

17,9

Urbaine

19,9

7,8

5,5













Régions




100




Région du Nord-est










Sahel

37,2

7,8

12,6

Centre-nord

34,0

11,4

8,2

Est

40,9

14,1

12,3













Région centrale










Nord

68,6

8,1

24,7

Boucle du Mouhoun

60,5

13,5

21,3

Centre-ouest

41,3

8,4

14,1

Plateau central

58,6

4,9

20,3

Centre-sud

66,1

4,2

26,0

Centre-est

55,1

7,2

19,7

Sud-ouest

56,6

7,3

17,5













Capitale/Région Sud










Centre

22,3

2,3

7,1

Hauts Bassins

34,8

6,7

10,6

Cascades

39,1

4,3

14,6
Source : Nouvé et coll. inédit 2009 fondé sur l’enquête QUIBB sur les priorités de l’INSD de 2003.

  1. Les niveaux socioéconomiques et d’études du chef de famille sont des facteurs déterminants clé de la pauvreté. Les ménages dont le chef de famille est un homme ont tendance à être plus pauvres que ceux menés par des femmes, tant en termes d’incidence (46,9 % contre 36,5 %) que d’écart (15,8 % contre 12,7 %). Un peu plus de la moitié (55,1 %) des ménages polygames sont plus pauvres que les autres groupes déterminés par l’état matrimonial du chef de famille. Les ménages dont le chef de famille est illettré ou a un niveau d’études primaires inférieures montrent une incidence de la pauvreté remarquablement haute, de 51,0 et 41,1 % respectivement. Les chefs de famille salariés, que ce soit dans le secteur public, privé formel ou privé informel, montrent une incidence de la pauvreté considérablement inférieure à celle des travailleurs agricoles, particulièrement dans la culture du coton. Ceux qui exercent des activités indépendantes (entrepreneurs) s’en sortent mieux que ceux qui sont engagés dans l’agriculture, mais légèrement moins bien que les salariés (Tableau 4).

  2. Le genre est également un facteur clé corrélé avec la pauvreté. Des études faites partout dans le monde montrent que les membres d’un même ménage n’ont pas toujours le même niveau de vie les revenus et les ressources ne sont pas nécessairement mis en commun, ni également répartis. Les principaux facteurs de différentiation au sein du ménage sont typiquement l'âge et le genre. Comme à beaucoup d’endroits de l’Afrique de l’Ouest sahélienne, il y a des raisons de croire que certains groupes de femmes peuvent être particulièrement pauvres et vulnérables. Dans une grande partie du Burkina Faso, elles sont dépendantes des hommes. Les femmes célibataires ont des droits limités. On les marie jeunes à un mari ayant en moyenne 9 ans de plus qu’elles. Le mariage leur apporte une protection et quelques droits comme l’utilisation de la terre. Ces droits sont cependant liés à leur état matrimonial et elles les perdent en cas de divorce ou de veuvage. Étant donné l’importante différence d’âge entre les conjoints, beaucoup de jeunes veuves se retrouvent avec peu de droits à la mort de leur mari. Presque toutes se remarient, souvent avec un parent de leur défunt mari, ce qui leur permet de conserver l'accès à certaines terres et un soutien pour elles et leurs enfants. Cette tradition du lévirat, où une veuve épouse un parent de son mari décédé, disparaît lentement en laissant les femmes sans autres opportunités d’assurer leur subsistance.

  3. Malheureusement, les enquêtes sur la consommation des ménages ne recueillent pas de données individuelles détaillant la répartition des ressources, la consommation, le travail et l’utilisation du temps à l’intérieur des ménages. Le niveau de pauvreté ou de vulnérabilité des membres du ménage pris individuellement ne peut donc pas être calculé directement à partir de ces études. Une approche souvent utilisée consiste à comparer les ménages dont les chefs de famille sont des femmes ou des hommes, pour en inférer les conséquences du genre sur le bien-être. Cependant, comme dans beaucoup de pays, les ménages burkinabés dirigés par des femmes sont extrêmement hétérogènes. Même si, comme dit plus haut, l'incidence générale de la pauvreté est plus basse parmi les ménages dirigés par des femmes, une analyse utilisant l’enquête 2003 sur les priorités confirme que, après prise en compte de différentes caractéristiques influençant le niveau de vie, il y a peu de différence entre les ménages dirigés par des femmes ou par des hommes. Toutefois, les enquêtes démographiques et de santé (EDS) contiennent, elles, des informations sur les individus, y compris quelques indicateurs de bien-être au niveau individuel. Mais elles présentent certains inconvénients pour ce type d’analyse elles interrogent beaucoup plus de femmes que d’hommes, et ne recueillent des informations détaillées que sur les personnes âgées de 15 à 49 ans.

Figure  : Les femmes veuves ou qui l’ont été ont un indice de masse corporelle inférieur à celui des femmes ayant un autre état matrimonial


Source :Van de Walle, 2010.

Figure  : En milieu rural, les enfants des veuves ou des femmes qui l’ont été ont moins de chances d'être scolarisés


Source :Van de Walle, 2010.

  1. Une analyse de l’EDS 2003 du Burkina Faso révèle que les veuves et les femmes actuellement mariées mais précédemment veuves ou divorcées peuvent constituer des groupes particulièrement vulnérables dans ce pays. Malheureusement, l’EDS ne dit rien sur l’important groupe des veuves et autres femmes non mariées de plus de 49 ans. Elle fournit néanmoins quelques indicateurs individuels de bien-être pour les femmes de 15 à 49 ans, par état matrimonial. En tenant compte de l’âge, nous observons que dans le Burkina rural, les veuves et les femmes mariées plus d’une fois constituent un groupe particulièrement vulnérable par rapport à ceux des femmes mariées une seule fois ou actuellement divorcées. La Figure 5 montre qu’elles ont des indices de masse corporelle nettement inférieurs à ceux des autres femmes, de telles différences n’apparaissant cependant pas dans les zones urbaines. Les données indiquent également que les enfants des femmes veuves ou qui l’ont été ont moins de chance d’être scolarisés que ceux des femmes ayant un autre état matrimonial (Figure 6).

Tableau  : Pauvreté en fonction de quelques caractéristiques des chefs de famille, 2003




Incidence de la pauvreté

Pourcentage de la pauvreté

Écart de
pauvreté





%

%

%

NATIONALE

46,4

100

15,5













Genre










Masculin

46,9

92,2

15,8

Féminin

36,5

7,8

12,7













État civil










Célibataire

20,8

1,0

12,7

Monogame

40,4

49,4

19,6

Polygame

55,1

44,9

9,5

Divorcé/e

28,7

0,5

13,1

Veuf/ve

39,9

3,9

5,6

En couple

19,4

0,3

-













Niveau d’études










Aucun

51,0

93,7

17,2

Primaire inférieur

41,1

2,8

13,0

Primaire supérieur

24,8

2,7

7,6

Secondaire inférieur

19,4

0,8

6,3

Secondaire supérieur

3,1

0,1

0,9

Universitaire

0,3

-

-













Situation de l’emploi










Salarié/e public

4,7

0,2

1,2

Salarié/e privé formel

6,5

0,1

1,9

Salarié/e privé informel

18,3

1,0

4,5

Culture du coton

45,5

19,3

14,8

Exploitant/e agricole

55,6

71,7

19,0

Indépendant/e (« entrepreneurs »)

21,5

2,4

5,9

Travailleur bénévole

39,2

0,7

14,1

Inactif/ve

39,0

0,8

13,3

Sans emploi

33,0

3,7

12,2













Taille des ménages










1 2 membres

10,6

3,2

2,3

3 4 membres

24,5

14,1

6,6

5 6 membres

38,0

21,4

11,0

7 membres ou plus

55,5

61,3

19,6
























Source : Nouvé et coll. non publié 2009 fondé sur l’enquête sur les priorités/QUIBB de l’INSD.

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