Morphème opportuniste et lexicalisation d'inférences: la préfixation négative in



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Neophilologica

7. Bilan
Curieux opérateur morphologique que ce 
in-
de négation ! Résumons. On est en
présence d’un morphème présentant trois variantes dont la distribution obéit de toute évidence
à un principe de distribution complémentaire (allomorphies) : [
in-
] devant V, [

-
] devant C
non-sonante, et [
i-
] devant C sonante. Ces contraintes n’ont rien de particulier en français
puisque, dans cette langue, l’opposition entre V et C aussi bien que celle entre C sonante et C
non-sonante font déjà l’objet d’un rendement morphologique ou phonotactique.
9
Les trois premiers de ces auteurs, pour les logiques pragmatiques en général ; le quatrième, pour leur rôle dans
la diachronie.
10
Ainsi que me l’a fait remarquer J.-P. Desclés (com. pers), la négation n’est pas à proprement parler
“convertie” en superlativité. Dans les valeurs superlatives, elle subsiste sous la forme de l’idée de dépassement,
signalant qu’on se situe au-delà d’une certaine échelle.


Toutefois, à y regarder de plus près, on s’aperçoit que cette distribution est elle-même
sujette à variation : devant C sonante, on rencontre en effet tantôt [
i-
] tantôt [

-
], comme si le
système “hésitait” entre une allomorphie à deux variantes ([
in-
] devant V, [

-
] devant C) et
une allomorphie à trois variantes (celles décrite ci-dessus, qui distingue deux classes de C).
Mais il y a plus. Une analyse sémantique montre que dans cet environnement, il n’est
pas sûr du tout qu’on ait affaire au même morphème. En effet, alors que la variante [
i-
] est
associée à des lexèmes dont le sens est fréquemment superlatif, et qui tendent à perdre leur
sens négatif, la variante [

-
] est, elle, systématiquement associée dans cet environnement à
des lexèmes dont le sens négatif est intact. Ce phénomène va même jusqu’à donner lieu à des
doublons (type 
irrécupérable

inrécupérable
). On est ainsi conduit à penser que devant C
sonante, et seulement dans ce contexte, est apparu, vraisemblablement à la faveur d’un
flottement allomorphique, un morphème opportuniste [

-
] qui présente la particularité
sémantique, par rapport à [

-
] devant C non-sonante, et à [
in-
] devant V, de construire un
lexème de sens exclusivement négatif.
Du point de vue lexicologique, on note que beaucoup de lexèmes construits au moyen
du préfixe négatif 
in-
ont développé une polysémie consistant principalement en deux valeurs
sémantiques : l’une dans laquelle le sens de la négation est intact, l’autre dans laquelle il est
“converti” en valeur superlative. Cette polysémie peut être expliquée si on considère que la
valeur superlative dérive de la valeur négative (et non l’inverse), et que cette dérivation a sa
source dans des emplois litotiques de la négation lexicale, emplois qui se sont
progressivement sédimentés et ont conduit à une lexicalisation d’inférences. On peut en
conclure que la polysémie lexicale est, parfois du moins, comme une trace laissée par la
praxéologie de la communication.

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