94 ans de déni : ça suffit !



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TURQUIE


Le scandale des fausses enquêtes sur la montée de l’islamisme
Le Collectif VAN relaye ici les articles du journal franco-turc Zaman (équivalent du Today's Zaman en langue anglaise, diffusé en Turquie). Attention : ces articles ne sont pas commentés de notre part. Il s'agit pour l'essentiel de traductions des versions turque et anglaise du Zaman, journal proche du parti au pouvoir (AKP).

Selon des documents révélés par un haut gradé anonyme, l’armée prévoyait de commander des enquêtes dont les résultats devaient faire croire à une montée de l’islam en Turquie. Un scandale alimenté par les nombreux sites internet créés à son initiative afin d’alimenter un climat de division dans le pays.

Selon l’information du journal Taraf, des enquêtes devaient révéler que le nombre de femmes portant le voile en Turquie a augmenté de 10 % durant les 5 dernières années. La majeure partie des Turcs devaient regretter l’islamisation et l’arabisation de la Turquie.

On devait ainsi apprendre que les femmes et les filles qui portent le voile le font à 65% sous la pression du milieu social, de la famille ou sous la contrainte du conjoint. Voici ce qu’on allait pouvoir lire dans l’enquête : « selon une enquête réalisée par le corps enseignant, l'enseignement devient très rapidement de nature religieuse ; […] ceux qui affirment que les Forces armées turques ont été abandonnées dans leur lutte contre le terrorisme, que les autres institutions de l'Etat ne se préoccupent pas du terrorisme sont de 78%.

Ceux qui pensent que le gouvernement devrait prendre au sérieux les avertissements des Forces armées turques sont de 75% ; 70% des gens pensent que les déclarations faites sur l'intégrisme et l'unité ainsi que l'indivisibilité du pays n'ont pas de rapport avec la politique ». Les enquêtes devaient, par ailleurs, révéler que les Forces armées turques sont encore une fois l'institution qui recueille, avec 93%, la plus grande confiance du peuple turc. Dans les enquêtes des années précédentes, la proportion était de 85%.

Redorer le blason de l’armée

L'enquête, qui devait montrer que 93 % des Turcs ont une totale confiance en l’armée et que 85 % soutiennent l’offensive en Irak, a été justifiée sous prétexte qu’elle avait pour finalité de « transmettre à l'opinion publique l'idée selon laquelle la vision et les discours des Forces armées turques (TSK) sont acceptés au sein de la population ». Le document placé dans les mains des autorités montre comment l’armée avait prévu les différentes étapes du projet.

Les travaux autour de l'enquête devaient emprunter des voies indirectes et le nom de l'établissement procédant à l’enquête, ainsi que tous les signes permettant d'indiquer les sources de l'établissement ne devaient en aucun cas être dévoilés. L'enquête devait, par ailleurs, être réalisée par une entreprise de recherche « assez crédible » et employer des conseillers en recherche « ayant le pouvoir de créer de l'opinion publique », comme les prof. dr. Emre Kongar, Orhan Türkdogan et İlber Ortayli, et les écrivains-journalistes parmi lesquels Bekir Coskun ou Ece Temelkuran.

Afin d’avoir plus de crédibilité, les instituts de sondage devaient pouvoir mener des enquêtes en partenariat avec les universités Başkent, Süleyman Demirel ou bien l'Université d'Ankara, à l’image du travail en commun de l'Université Başkent et de l'Institut de sondage Derya. Les conseillers devaient exposer et apporter les explications d'un point de vue scientifique et répondre aux critiques portées à l'enquête. Les résultats des enquêtes réalisées autour de différents thèmes n’allaient, par ailleurs, pas être immédiatement soumis à l'opinion publique.

Les instigateurs du projet comptaient effectivement attendre le moment et le contexte les plus opportuns pour être plus persuasif au cours des sujets d'actualité qui préoccupent l'opinion, afin de renforcer les évènements qui prennent de l'ampleur ou neutraliser les initiatives adverses. C'est avec les résultats suivants que l'opinion publique serait influencée.


Semer la discorde sur le net

La propagande de l’armée sur le net continue malgré l’obligation de fermer des sites polémiques destinés à manipuler l’opinion. Il existe encore sur la toile de nombreux sites créés par des militaires soucieux d’alimenter un climat de division et de méfiance dans le pays. Bien que le chef d'Etat-major ait certifié la fermeture de sites propagandistes en 2007, certains ont été actualisés au cours de l'année 2009.

Des dizaines de sites internet avaient été créés par le capitaine retraité Hasan Ataman Yildirim, arrêté dans le cadre de l’affaire Ergenekon, en vue de diriger et de manipuler l'opinion publique. D’autres sites, comme irtica.org (intégrisme), naksilik.com, du nom de la confrérie naqshbandi, avaient pour objectif de donner une impression de menace islamiste en Turquie. D’autres sites, comme askeriz.info (nous sommes soldats) ou turkuz.info (nous sommes Turcs) étaient destinés à alimenter les sentiments nationalistes des internautes.

Le chef d'Etat-major affirmait lors de sa dernière déclaration que « les sites internet en question ont été modifiés pour entrer en conformité avec l'article 5651 de 2007, puis globalement supprimés ». Le chef d'Etat-major évoquait la suppression des sites concernés en 2007, mais la réalité est toute autre. Des recherches sur le site www.domainsorgulama.net, qui permet la recherche sur les noms de domaine, montre que les adresses web controversées préparées par l'Etat-major ont été utilisées après 2007 et que certains ont même été réactualisés en 2009. La deuxième lettre de dénonciation que les procureurs de la république qui instruisent le « plan chaos » d'Ergenekon ont reçue par voie postale, contenait des affirmations importantes.

Des artistes et intellectuels portent plainte contre l’armée

Selon le mémorandum sur internet, 430 sites internet fichaient, par ailleurs, les individus en « séparatiste, intégriste, nationaliste, d'extrême-gauche, neutre, pro-européen ». Des artistes, comme le célèbre chanteur Ferhat Tunç, ont été ainsi victime de ce fichage informatique. Ce dernier a vivement réagi en déclarant que : « dans les pays que l'on gouverne démocratiquement, l'exécutif appartient au gouvernement. Que des forces extérieures au gouvernement s'exerce à prendre la parole est très préoccupant.

Certains sont indisposés à voir les avancées du gouvernement. Je me suis enfermé pendant des jours à la maison. Je n'arrive pas à accepter que mon nom ait pu figurer sur cette liste. J'ai une fille de 19 ans qui va à l'université. Il est inacceptable qu'elle soit au centre des discussions de ses amis qui voient son père fiché comme chef de file des séparatistes. Je vais porter cette affaire au tribunal. Je garde l'espoir que l'on arrivera à séparer le poisson pourri des forces armées turques ».

Yalçin Ergindogan (rédacteur en chef de www.sesonline.net) s’est également défendu en indiquant que son site est un portail d’information indépendant. Assurant qu’il ne reçoit « aucun soutien financier », il reproche à l'Etat-major de le stigmatiser en le plaçant dans la catégorie « pro-européen ». « Nous nous préparons pour aller par voie légale nous adresser aux instances nationales et internationales pour condamner ces mentalités et faire valoir nos droits » a-t-il ajouté.

19 November 2009, Thursday


http://fr.zaman.com.tr/fr/detaylar.do?load=detay&link=1364
« Les principes d'Atatürk ne sont pas d'Atatürk, mais l'invention d'Inönü »
Le Collectif VAN relaye ici les articles du journal franco-turc Zaman (équivalent du Today's Zaman en langue anglaise, diffusé en Turquie). Attention : ces articles ne sont pas commentés de notre part. Il s'agit pour l'essentiel de traductions des versions turque et anglaise du Zaman, journal proche du parti au pouvoir (AKP).

Il y a quelques temps, la loi sur la protection d'Atatürk a été avalisée dans le rapport sur l'avancée de la Turquie dans le dossier de l'UE parmi les lois contraignant la liberté d'expression.

J'aurais voulu connaître le nombre de personnes à qui on a intenté un procès, ainsi que leurs conclusions de la date à laquelle la loi a été créée, en 1951, jusqu'à aujourd'hui. Mais malheureusement, nous n'avons pas de photographie globale de la Turquie dans les statistiques du Ministère de la Justice. Je n'ai pu obtenir que quelques chiffres pour la période concernant 1987-2008.

J'ai essayé d'évoquer la loi en question auprès des juristes kémalistes et non-kémalistes. Lorsque j'ai vu leur réticence, j'ai contacté un avocat qui plaidait pour ce genre d'affaire.

J'ai eu face à moi Cüneyt Toraman qui exerce au sein d'une commission de la Constitution dans une association de juristes. Il avait prêté assistance à de nombreux individus en jugement pour s'être opposés à l'article 5816, il avait été témoin de l'application de cette loi. Toraman, qui publie régulièrement autour de sujets d'actualité et se livre à des écrits de nature juridique dans des revues et journaux, travaille depuis 25 ans à Istanbul en tant qu'avocat et conseiller juridique.

L'article 5816 de la loi qui porte sur les délits perpétrés à l'encontre d'Atatürk, plus connu sous le nom de "loi sur la protection d'Atatürk" a été mis en vigueur dans l'espace public en 1951. On affirme que la loi a été promulguée un an après l'élection d'Adnan Menderes, après les actes de vandalisme commis à l'encontre des bustes d'Atatürk par la confrérie Tidjani. Est-ce la véritable raison ?

Selon certaines sources, on aurait répertorié 17 actes de vandalisme contre les bustes en l'espace d'une nuit. Menderes n'aurait pu rester silencieux face à ces actes dont ils soupçonnaient les commanditaires, mais la véritable raison ne tenait pas à ces attaques.

Après la mort d'Atatürk, Inönü est devenu président. L'époque d'Inönü avait commencé. Il avait frappé les pièces à son effigie après en avoir effacé celle d'Atatürk. Même lorsque Inönü était président, il était secrétaire général du CHP. Lorsque Menderes fut Premier ministre, Inönü s'est vu écarté de la présidence pour entrer dans l'opposition.

Cela signifie qu'il a voulu dire à Inönü, son rival politique, que « l'étendard de la laïcité n'est pas à toi mais m'appartient » en promulguant cette loi ?

Non, il a signalé à Inönü « qu'Atatürk se place devant toi. Qu'Atatürk est le seul homme. Que tu n'es pas le premier homme ». C'est-à-dire qu'il a opposé à Inönü et à ceux qui se revendiquent de lui, la carte Atatürk.

Effectivement, le Premier ministre Adnan Menderes, au moment des délibérations autour de la loi, rappelle que tout de suite après la mort de leur leader que fut Atatürk, son effigie s'est vu s'effacée des monnaies et des timbres-postes.

Avec la promulgation de la loi sur la protection d'Atatürk, l'une des attaques importantes d'Inönü s'est révélée sans effet. Dans la réalité, Inönü, comme Menderes, était conscient de l'inutilité d'une telle loi. C'est parce qu'il n'y a pas eu d'attaque après que cette loi est sortie à l'époque de Menderes, qu'il n'y a pas eu la possibilité de l'appliquer. Cette loi, jusqu'au coup d'Etat de 1960 est restée caduque. Après la pendaison de Menderes, elle a été remplie et portée à la vision.

Atatürk aurait pu sortir une loi visant à sa protection de son vivant.

Il ne l'a pas fait. De toute façon, la constitution de 1924 empêche toute loi relative aux personnes. Bien sûr, s'il l'avait voulu, il aurait pu lever l'obstacle. Mais il ne l'a pas fait. Je pense que c'est à Inönü qu'il faut imputer ce qui constitue un problème en Turquie et qu'il est convenu d'appeler les agissements en dehors de la loi.

Notre actuel CHP poursuit malheureusement la ligne fixée par Inönü. Pour ma part, je pense qu'Atatürk était sincère quant à sa volonté d'occidentaliser. Si l'on avait suivi la ligne tracée par Atatürk, nous n'aurions pas vécu autant de problèmes concernant l'Union Européenne. Parce que c'est d'Inönü que les six flèches du CHP ont été érigées en principes étatiques. Les principes d'Atatürk ne sont pas d'Atatürk mais l'invention d'Inönü.

Selon les comptes-rendus, on a exprimé, après avoir délibéré au sein de l'Assemblée, des paroles « avec l'objectif de déférer tous ensemble à Atatürk notre attachement » et observé « trois minutes de silence debout ». Il y a eu au sein du Parti Démocrate des opposants à cette loi selon les comptes-rendus que j'ai pu lire. Mais bon nombre l'ont soutenu.

Bien sûr, le Parti Démocrate, avec 408 députés, a une écrasante majorité à l'Assemblée. Le CHP n'a que 69 députés. Malgré l'opposition de quelques députés du DP, la loi a été promulguée aisément.

Qui peut se définir comme étant « kémaliste non-sincère » ?

Pouvoir le mesurer serait impossible. Personne ne peut nier les apports du kémalisme. Je pense que si l'on voulait vraiment qu'Atatürk soit aimé, respecté, nul besoin d'une telle loi. J'essaye d'établir une ligne objective. Je parle d'un critère universel conforme au standard démocratique. Il n'y a pas de telles normes indiquées sur la « règle » juridique de la démocratie. Il est question ici d'un délit qui dans l'ensemble des délits commis en Turquie est l'un des moins commis mais qui selon toute proportion est l'un des plus lourds.

Par exemple, en 2007, dans l'ensemble de la Turquie, alors que sur l'ensemble des 41.819 individus qui ont commis un délit, seulement 8 personnes ont été jugées conformément à l'article 5816, une seule à fait l'objet d'une affaire publique. Vous verrez qu'au regard des statistiques, les investigations et les poursuites engagées pour une telle infraction peuvent se compter sur les doigts d'une main.

29 October 2009, Thursday
NURIYE AKMAN ISTANBUL
http://fr.zaman.com.tr/fr/detaylar.do?load=detay&link=1344


La démocratie turque encore sous le poids du coup d’Etat

Le Collectif VAN relaye ici les articles du journal franco-turc Zaman (équivalent du Today's Zaman en langue anglaise, diffusé en Turquie). Attention : ces articles ne sont pas commentés de notre part. Il s'agit pour l'essentiel de traductions des versions turque et anglaise du Zaman, journal proche du parti au pouvoir (AKP).

Alors que des groupes de manifestants ont protesté dans différents quartier d’Istanbul contre le 12 septembre 1980, la Turquie subit encore les conséquences du coup d’Etat qui s’était soldé par la main mise de l’armée sur toutes les institutions du pays. Les experts dénoncent encore aujourd’hui l’impact du coup d’Etat sur le difficile processus de démocratisation de la Turquie.

Plusieurs milliers de stambouliotes ont manifesté contre le coup d’Etat militaire de 1980, dont le 12 septembre 2009 a marqué le 29ième anniversaire. L’armée avait alors pris le pouvoir dans un contexte de désordre social, économique et politique. Après les coups d’Etat du 27 mai 1960 et du 12 mars 1971, qui marqua le déclenchement de l’émigration politique turque vers les pays européens, c’était la troisième fois que les militaires d’inspiration kémaliste prenaient le pouvoir en Turquie. Débutait alors un régime militaire qui dura près de 9 ans et durant lequel la vie politique démocratique fut totalement paralysée.

Parmi les raisons officielles du coup d’Etat figuraient la généralisation des crimes politiques dans un climat de conflit entre la droite et la gauche ainsi que l’incapacité du Parlement à élire un président. L’autre raison invoquée fut le Meeting de Jérusalem (Kudüs Mitingi) organisé à Konya, le 6 décembre, sous l’autorité de Necmettin Erbakan, et qui a été présenté par les militaires comme une tentative d’instauration de la charia dans le pays. Le général Haydar Saltik, vice-chef de l’Etat major, avait alors déclaré, dans une conférence de presse qui eut lieu le 29 octobre 1980, que « le meeting de Konya avait été la goutte qui a fait déborder le vase ».

Le contrôle de toutes les institutions

Les syndicats, les partis politiques, les mouvements étudiants et les associations furent dissous. Toutes les institutions politiques durent cesser leurs activités, à l’exception de la Cour constitutionnelle. Pour imposer ces mesures, l’armée eut recours à de nombreuses violations des droits fondamentaux, à travers notamment des arrestations injustifiées et des actes de torture. Sous couvert d’une restauration des principes fondateurs du kémalisme, l’objectif de l’armée était de revenir aux « valeurs profondes de la société turque ».

L’article 15 de la nouvelle Constitution, qui devait au départ n’être que provisoire, et qui accorde l’immunité judiciaire à tous les acteurs du coup d’Etat, n’a jamais été aboli par les gouvernements suivants. Aujourd’hui, près de trente ans après le coup d’Etat, les victimes de la répression racontent la torture et les condamnations injustifiées.

Récemment, Kenan Evren a encore déclaré ne regretter aucune des exécutions. Déclarant, dès sa première intervention le 12 septembre 1980, que « l’armée turque se fonde uniquement sur les idées kémalistes », Kenan Evren réitéra l’ancrage du coup d’Etat dans un souci de défense des valeurs kémalistes : « aucune idée ou considération ne pourront plus exiger d’être favorisées si elles sont contre les valeurs morales et historiques des Turcs, le nationalisme d’Atatürk, les principes, les réformes et la conception de la civilisation d’Atatürk ». Le nom de Mustafa Kemal fut d’ailleurs abondamment cité dans la Constitution de 1982, dans le préambule de laquelle il était omniprésent.

La Constitution de 1982 modifiée mais toujours en vigueur

Le référendum de 1982, où le « oui » l’emporta à 92 %, avait permis la ratification d’une nouvelle constitution et installa le général ayant dirigé le coup d’Etat, Kenan Evren, à la présidence de la République pour une durée de 7 ans. Les Forces armées turques (Türk silahli kuvvetler) ont alors entrepris un large mouvement de mise au pas du système politique, qui passa totalement sous le contrôle de l’armée.

Un « oui » si massif s’explique aussi bien par différents moyens de pressions que par le désordre économique, politique et social qui avait poussé les électeurs à craindre pour leur vie. La Constitution de 1982, qui est actuellement toujours en vigueur, a été le fruit direct de ce coup d’Etat. Il connut cependant plusieurs révisions, notamment dans le cadre de l’accord d’Union douanière et de l’ouverture des négociations d’adhésion à l’UE.

Les parties du préambule du texte, qui faisaient référence aux circonstances justifiant le coup d’Etat de 1980, et les articles sur la restriction des droits et des libertés ont été profondément remaniés. Il y a deux ans, le 12 septembre 2007, l’AKP avait révélé les grands axes d’un projet de « constitution civile » préparée par une commission d’experts. Mais le processus s’est enlisé et a encore du mal à aboutir.

Une démocratisation difficile

D’après le prof. dr. Levent Köker, de l’université de Gazi, malgré les trois décennies de reconstruction, la Turquie a toujours du mal à pleinement évoluer dans son processus de démocratisation. Pour lui, la principale raison de ces difficultés vient du régime du 12 septembre, dont les conséquences sont encore présentes aujourd’hui.

« Pour le dire autrement, ajoute-t-il, le 12 septembre n’a pas seulement été un coup d’Etat militaire, il a mis sur le chemin de la démocratisation de la Turquie des obstacles très difficiles à franchir ». Pour lui, l’objectif du coup d’Etat était de réduire le champ démocratique en prenant pour prétexte le désordre politique empêchant d’avoir une majorité au Parlement.

Officiellement, l’objectif était donc de mettre fin aux coalitions successives, ce qui aboutit en fait à une réduction de la diversité politique. C’est depuis cette période que, encore aujourd’hui, les partis politiques ayant moins de 10 % aux élections législatives ne peuvent entrer au Parlement.

Un documentaire dénonce la torture et les exécutions

Cahit Akçam, qui fut lui-même emprisonné pendant huit ans, a réalisé un documentaire intitulé « La Justice du 12 septembre », où il rapporte de nombreux témoignages de personnes ayant vécu le coup d’Etat. Le film a été récemment projeté pour la première fois au siège de la Chambre des ingénieurs du bâtiment, à Ankara.

Dans un entretien accordé au journal Habertürk, il raconte la « destruction du système judiciaire » que représenta le coup d’Etat. Le documentaire rapporte les propos de 140 témoins privilégiés ayant vécu le coup d’Etat de près, en tant qu’acteurs ou victimes. De nombreux témoignages viennent des membres des familles des personnes exécutées.

« L’objectif, raconte-t-il, était de montrer toutes les injustices et les infractions aux droits de l’homme qu’a occasionné le coup d’Etat ». Décrivant la torture qu’on lui infligea, il explique que pour lui ces évènement ont « écrasé toute une génération de jeunes entre 18 et 25 ans ». Il n’hésite donc pas à parler de « traumatisme »

24 September 2009, Thursday
http://fr.zaman.com.tr/fr/detaylar.do?load=detay&link=1300
La Turquie d’Ahmet Kaya et de Said Nursi
Le Collectif VAN relaye ici les articles du journal franco-turc Zaman (équivalent du Today's Zaman en langue anglaise, diffusé en Turquie). Attention : ces articles ne sont pas commentés de notre part. Il s'agit pour l'essentiel de traductions des versions turque et anglaise du Zaman, journal proche du parti au pouvoir (AKP).

A l’occasion de la troisième réunion en session ordinaire de l'AKP, le Premier ministre a brisé un tabou en citant de nombreuses personnalités très contestées dans le paysage politique turc.

Pour Tayyip Erdogan, la Turquie ne peut se passer d’Ahmet Yesevi, Haci Bektas Veli, Haci Bayram Veli ou Ahmet Kaya : « Une Turquie sans Yunus Emre perdrait sa langue, sans Mevlana elle perdrait son âme. Une Turquie qui n’écouterait plus Sabahat Akkiraz perdrait ses chansons et des compositions sans Tatyos Efendi seraient imparfaites ».

Tous ces noms ont pour particularité d’appartenir à différents horizons culturels et religieux que l’histoire turque n’a pas toujours réussi à concilier. Tatyos Efendi était arménien, Sabahat Akkiraz est une chanteuse alévie et Ahmet Kaya, enterré à Paris où il est mort en exil, était un communiste connu et parfois très critiqué pour son positionnement en faveur de la cause kurde.

S’il a cité dans son discours des personnalités faisant déjà l’unanimité comme Mehmet Akif Ersoy, rédacteur de l’hymne national, Erdogan a également revendiqué l’importance dans le patrimoine culturel turc de noms plus controversé comme Nazim Hikmet, mort en exil en Russie et déchu de la nationalité turque, ou Said Nursi. Il a ainsi cité des noms, accusés par les anciens gouvernements de gauchisme ou d’islamisme, auxquels de nombreux leaders avaient du mal à faire référence.

Passer du discours à des réalisations concrètes

L’épouse d’Ahmet Kaya, Gülten Kaya, s’est dit émue et satisfaite de ces propos en déclarant : « en tant que socialiste, je peux dire très clairement que je soutiendrai jusqu’au bout l’AKP s’il franchit des pas concrets ».

Se disant particulièrement sensible au fait que l’ouverture ne se limite pas aux discours, elle a demandé que ces réalisations concrètes soient soutenues par une garantie constitutionnelle ». Dans un discours qui a duré plus de deux heures, le Premier ministre a défendu « l’unité nationale » en déclarant : « Les problèmes que rencontrent mon frère turc, mon frère kurde, mon frère alevi ou toutes les minorités sont mes problèmes ».

Défendant son projet d’« ouverture démocratique », il a accusé ces détracteurs de mener eux-mêmes un discours qui divise le pays. Il a notamment reproché au parti d’extrême-droite, MHP, de ne pas lui avoir accordé de rendez-vous. Des pancartes aux chants diffusés jusqu’au slogan scandés, le congrès de l’AKP a été mis en scène de façon à louer le projet d’ouverture démocratique du gouvernement. Même s’il n’a pas expressément cité le réseau, le Premier ministre a également dénoncé Ergenekon, en promettant que le combat contre les organisations et mafias anti-démocratiques allait continuer.

08 October 2009, Thursday


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