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Document 11

« La famille apparaît implicitement à chacun comme un fait naturel et, par extension, comme une fait universel. La croyance populaire en l'universalité, naturellement fondée, de la famille ne concerne pas une entité abstraite susceptible de prendre des formes variables, mais de façon très précise le mode d'organisation qui nous est familier et dont les traits les plus marquants sont la famille conjugale, la reconnaissance de la filiation et la transmission du nom par les hommes, la monogamies, la résidence virilocale ("Tu quitteras ton père et ta mère" dit la Bible ; " La femme doit suivre son mari " dit le code). Si l'on sait désormais qu'il existe ailleurs des usages différents des nôtres, ils sont considérés comme des traits de sauvagerie, des vestiges archaïques, à tout le moins comme des aberrations. Ils sont pourtant pratiqués par des millions d'hommes et de femmes. Si la famille, entendue au premier chef comme " l'union plus ou moins durable et socialement approuvée d'un homme, d'une femme et de leurs enfants " (Lévi-Strauss) semble être, de fait, un phénomène pratiquement universel (avec des variantes cependant), il existe des exemples de sociétés hautement élaborées où ces associations quasi-permanentes n'existent pas. Ainsi le cas fameux des Nayar de la côte de Malabar (Inde) : le genre de vie guerrier des hommes leur interdisait autrefois de fonder une famille. Les femmes, mariées nominalement, prenaient les amants qu'elles voulaient, les enfants appartenaient à la lignée maternelle, l'autorité et les gestion des terres étant aux mains non d'un pater familias, d'un mari, mais des hommes de la lignée, frères des femmes, eux-mêmes amants occasionnels des femmes des autres lignées. Cependant, ce type de groupement, non conjugal, est en lui-même une famille que nous appellerons matricentrée.


(Françoise Héritier : Les mille et une formes de la famille Le Monde – 24 Décembre 1975)



Document 12 : Combien existe-t-il de systèmes de parenté?

En gros, actuellement sur terre, 10.000 groupes exercent une souveraineté sur un territoire, des personnes et des ressources. Cela fait 10.000 sociétés, même si certaines comptent 50 personnes en Amazonie et qu'il y a 1,3 milliard de Chinois. Ces 10.000 sociétés ont toutes un système de parenté qui leur est propre. Nous, nous sommes dans un système dit "indifférencié". On retrouve ce même système chez les Inuits ou en Indonésie. Il est apparu en Europe à la fin de la République romaine. Nous n'avons qu'un seul père et une seule mère. Ce système romain a été "encapsulé" par le christianisme. Plus tard, dans le christianisme, le mariage est devenu un sacrement. L'union d'un homme et d'une femme devant Dieu, avec interdiction du divorce, interdiction de relations sexuelles en dehors du mariage, interdiction de se masturber aussi, etc. L'Église a détruit la polygamie. Mais notre système n'est pas du tout majoritaire dans le monde! La Chine, l'Inde, et cela fait plus de deux milliards d'individus, fonctionnent autrement!



(Laurent Valdiguié : « Entretien avec Maurice Godelier : "L'Occident vit une refondation, comme pendant la Renaissance"- Le Journal du Dimanche - dimanche 29 décembre 2013 )




  1. VOCABULAIRE ETHNOLOGIQUE


Document 13

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Document 14 : QUELQUES TERMES DE VOCABULAIRE
Termes relatifs à la filiation et à la parentèle

Utérins

Individus apparentés exclusivement par des femmes.

-> Agnats.
Agnats

Individus apparentés* exclusivement par des hommes.

Agnatique : relation par les hommes, en ligne paternelle ; relatif aux agnats*.

Utérins.



Affins

Alliés, parents par alliance*. Certains auteurs distinguent pour les sociétés amazoniennes les affins réels (beaux-frères) des affins virtuels (cousins* croisés* par exemple) et des affins potentiels (non-parents conçus comme affins possibles).
Collatéralité

Relation entre germains* ou descendants* de germains*, par opposition à celle entre ascendants* et descendants* directs.

->Ascendance 0 Descendance

Collatéraux: individus entretenant un lien de collatéralité*.

Cognats

Terme qui à Rome désignait l’ensemble des consanguins*, mais s’appliquait plus particulièrement aux parents maternels, par opposition aux agnats*. Repris par les anthropologues, il désigne l’ensemble des individus aussi bien apparentés par les hommes que par les femmes.

  • Cognatique: relatif aux cognats*.

Parentèle – Kindred

Unité egocentrée de parenté, englobant les consanguins* bilatéraux, et qui, pour certains auteurs, peut également concerner les affins*. Associées aux systèmes indifférenciés*, on peut trouver des parentèles dans n’importe quel régime de filiation*.

Descendance –( Filiation en anglais)

Ensemble des personnes issues d’Ego (enfants, petits-enfants, arrières petits-enfants,…)



Filiation – (Descent)

Ensemble de droits et d’obligations résultant de l’inclusion dans un groupe défini par la transmission des positions filiatives d’une génération à l’autre



Filiation unilinéaire

Filiation patrilinéaire filiation* unilinéaire* par les hommes.

Filiation matrilinéaire filiation* unilinéaire* par les femmes

Filiation bilinéaire règle combinant filiation patrilinéaire* et matrilinéaire*, mais différenciant les éléments transmis respectivement par l’un et l’autre groupe.

Termes de parenté
Fraternité

Relation biologique ou contractuelle (pacte de sang par exemple) entre des individus se considérant comme frères.

-> Germains 0 Fratrie.

Germains – Fratrie – Siblings

L’ensemble des frères et des sœurs.


Avunculat


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Relation entre l’oncle maternel et le neveu utérin*, marquée par une série de conventions concernant leurs rapports et/ou la transmission. ➛ Parenté  Parenté à plaisanterie.

Cousins croisés : Enfants de germains* de sexe opposé.

Cousins croisés bilatéraux: cousins croisés* liés l’un à l’autre par le biais de leurs deux parents respectifs, pour chacun d’eux par la mère et le père.



  • Cousins croisés matrilatéraux: cousins croisés* liés à Ego par sa mère; les enfants du frère de la mère.

  • Cousins croisés patrilatéraux: cousins croisés* liés à Ego par son père ; les enfants de la sœur du père.

  • Cousins croisés unilatéraux: cousins croisés* liés l’un à l’autre par le biais d’un seul de leurs deux parents respectifs, pour chacun d’eux par la mère ou le père.


Cousins parallèles

Enfants de deux frères ou de deux sœurs ; les enfants de germains* de même sexe.



  • Cousins parallèles matrilatéraux: cousins parallèles liés à Ego par sa mère; les enfants de la sœur de sa mère.

  • Cousins parallèles patrilatéraux: cousins parallèles liés à Ego par son père; les enfants du frère de son père.


  • par rapport à l’ancêtre* commun : second cousin once removed désigne le père et/ou le fils du cousin* au deuxième degré.

    724 • Système canonique: qui prend le couple,

    source de la parenté* commune, comme point de départ. Dans ce système, on compte les degrés par tranches générationnelles* et non plus par le nombre de liens d’engendrement. Les frères et sœurs sont parents au premier degré, les cousins* germains* au deuxième, les cousins issus de germains* au troisième degré et ainsi de suite.



    • Système civil – système romain: le mode de comput le plus courant est le mode romain ou civil de calcul, qui fait que le degré de parenté dépend du nombre de liens d’engendrement séparant deux personnes tout en passant par l’ancêtre* commun. Mon cousin germain* est mon parent au quatrième degré, mon neveu l’est au troisième.


Extraits de :

« Glossaire » Par Laurent S. Barry, Pierre Bonte, Nicolas Govoroff, Jean-Luc Jamard, Nicole-Claude Mathieu, Enric Porqueres i Gené, Salvatore D’Onofrio, Jérôme Wilgaux, András Zempléni et Françoise Zonabend

L’Homme 154-155 (avril-septembre 2000) - Question de parenté





  1. DIVERSITE DES REGLES DE PARENTE

  1. REGLES D’ALLIANCE ET D’UNION




Document 15 : QUELQUES TERMES DE VOCABULAIRE

Endogamie/Exogamie / Règle (ou pratique) enjoignant à un individu de choisir son conjoint à l’intérieur de son propre groupe (groupe de parenté*, groupe territorial, groupe statutaire, etc.).

  • Endogamie : règle prescriptive, préférentielle ou statistique imposant à un individu de choisir son conjoint au sein de son groupe d’appartenance (groupe de parenté*, territorial, statutaire, etc.).

  • Exogamie: règle (ou pratique) enjoignant à un individu de choisir son conjoint à l’extérieur de son propre groupe (groupe de parenté*, groupe territorial, groupe statutaire, etc.).

(En sociologie, on s’intéresse plus souvent aux cas d’homogamie et d’hétérogamie sociale - L'homogamie est le fait de se marier dans un même groupe, qui peut être un clan, un groupe religieux, une ethnie, etc. L'homogamie sociale ou socioprofessionnelle est le fait de choisir son conjoint dans le même groupe social que le sien. (« Centre d’Observation de la Société » - http://www.observationsociete.fr/homogamie-sociale )

Monogamie/ Polygamie

Monogamie

Règle selon laquelle un individu ne peut avoir plus d’un conjoint en même temps.



Polygamie

Unions multiples et concomitantes d’un individu. -> Monogamie.



Polyandrie: mariages concomitants d’une femme avec plusieurs hommes

  • Polyandrie fraternelle – Polyandrie adelphique: mariages concomitants d’un femme avec plusieurs hommes d’une même fratrie*.

Polygynie: mariages concomitants d’un homme avec plusieurs femmes.

  • Polygynie sororale – Polygynie adelphique: mariages concomitants d’un homme avec plusieurs femme d’une même fratrie*.


Lévirat : Remariage d’une femme avec le frère de son époux décédé.

Sororat : Remariage d’un homme avec une sOeur de son épouse décédée.

Extraits de :

« Glossaire » Par Laurent S. Barry, Pierre Bonte, Nicolas Govoroff, Jean-Luc Jamard, Nicole-Claude Mathieu, Enric Porqueres i Gené, Salvatore D’Onofrio, Jérôme Wilgaux, András Zempléni et Françoise Zonabend

L’Homme 154-155 (avril-septembre 2000) - Question de parenté





Document 16 : polyandrie.

La polyandrie peut être adelphique (Tibet in non (Guayaki 58). Dans le premier cas, une femme épouse un groupe de frères et les enfants qui naissent sont attribués successivement à chacun des frères en commençant par l'aîné ou sont tous considérés comme les descendants de l'aîné. La principale raison de ces mariages adelphiques est de préserver indivis un patrimoine. Dans le second cas, une femme a plusieurs maris qui ne sont pas apparentés entre eux, et les enfants sont alors attribués successivement à chacun d'eux.



(Maurice Godelier : « Les métamorphoses de la parenté » - Flammarion 2010)




Document 17

Si l'union conjugale stable n'existe pas partout, elle ne peut donc pas être considérée comme un exigence naturelle. Mais, à dire vrai, en dehors du rapport physique qui unit la mère à ses enfants (gestation, mise au monde et allaitement), rien n'est naturel, nécessaire, biologiquement fondé dans l'institution familiale lorsqu'on y regarde de près. Même le lien biologique mère-enfant n'a pas partout la même prégnance. Chez les indiens du Brésil, où un homme peut épouser des soeurs ou une mère et des filles qu'elle a eues d'un autre homme, les enfants sont élevés par l'ensemble des co-épouses sans que chacune cherche à se préoccuper plus particulièrement des siens ; chez les Mossi de Haute-Volta, dans de grandes familles polygames, on établit, après le sevrage, une répartition des enfants entres les différentes co-épouses : même celles qui sont stériles ou qui ont perdu leurs enfants ont à élever des enfants qui ne sont les leurs, mais qu'elles chérissent comme leurs et qui, parvenus à l'âge adulte, ne se connaissent d'autre mère que celle qui les a élevés. Le "voix du sang", pour cette fois, ne crie pas très fort ! Sans dresser ici l'inventaire de toutes les formes familiales existantes, mais pour illustrer le caractère de l'institution, on citera, dans la multiplicité des réponses apportées aux désirs fondamentaux (désir sexuel, désir de reproduction) et aux nécessités (nécessité, notamment, d'entretenir et d'élever les enfants), certaines de celles qui nous semblent aller le plus radicalement contre l'évidence du bon sens, la chose au monde que nous croyons, comme la famille, universellement partagée. Ainsi, il va de soi, pour nous, que les partenaires de l'union conjugale sont de sexes différents, que cette union ne se noue qu'entre vivants, que le géniteur des enfants est normalement le père, que la famille conjugale (père, mère, enfants) est l'unité résidentielle et économique élémentaire par laquelle passent l'éducation et l'héritage. Or l'expérience ethnologique montre qu'aucun de ces principes n'est universellement admis.


Mariage légal entre femmes Dans certains populations africaines, il existe un mariage légal entre femmes. C'est le cas chez les Nuer soudanais, patrilinéaires (la reconnaissance de la filiation passe exclusivement par les hommes) où la fille n'est même pas considérée comme appartenant au groupe de son père, sauf si elle est stérile ; dans ce cas elle compte comme un homme. Le mariage légal est sanctionné par le paiement d'une dot en bétail ou " prix de la fiancée " (1), versée par le mari aux parents paternels de son épouse. La femme stérile perçoit aussi, comme " oncle " paternel, des parts des dots versées pour ses nièces, filles de frères. Avec ce capital, elle peut à son tour acquitter le " prix de la fiancée " pour une jeune fille qu'elle épouse légalement et pour laquelle elle accomplit les rites officiels du mariage. Elle lui choisit un homme, un étranger pauvre, pour cohabiter avec elle et engendrer des enfants. Ces enfants sont les siens et l'appellent " père " et elle leur transmet son nom. Son épouse l'appelle " mon mari ", lui doit respect et obéissance, la sert comme elle servirait un véritable mari. Elle-même administre son foyer et son bétail comme un homme le ferait. Au mariage de ses filles, elle reçoit à titre de " père " le bétail de leur dot et remet, pour chacune, au géniteur la vache, " prix de l'engendrement ". Le géniteur ne joue aucun rôle autre que celui pour lequel il a été requis et ne tire de ce rôle aucune des satisfactions matérielles, morales et affectives qui lui sont, ailleurs, liées. Dans ce cas, bien sûr, la femme-époux n'est qu'un ersatz d'homme et ce mariage légal reste tout à fait dans les canons de l'idéologie masculine. Chez les Yorubas du Nigeria, c'est une femme riche et non stérile qui peut légitimement épouser d'autres femmes et en avoir de la même façon substitutive, des descendants bien à elle. Un point annexe : il est exclu de voir dans ces unions, qui ont pour but la constitution d'une famille normale, une forme particulière d'homosexualité féminine.
Le mariage fantôme Aussi fréquent que le mariage entre vifs, le mariage-fantôme légal, toujours chez les Nuer, qui ne peut concerner qu'un mort sans descendance. Ainsi se crée une famille dont les protagonistes sont le mort, qui est le mari légal, la femme épousée au nom du mort par un de ses parents, le mari substitutif lui-même et les enfants qui naissent de leur union. Ces enfants sont socialement et légalement ceux du mort, du seul fait que le partenaire sexuel de la femme a prélevé sur le bétail du défunt le montant de la dot qu'il verse en son nom. Un homme peut épouser des femmes au nom d'un oncle paternel, d'un frère ou même d'une sœur stérile. La veuve d'un homme mort sans descendance, si elle ne peut elle-même concevoir pour lui des œuvres d'un beau-frère, peut aussi épouser une femme au nom de son mari (le père des enfants étant cette fois-ci son mari mort et non plus elle-même). Les enfants connaissent leur statut d'enfants d'un mort et retracent leur généalogie en partant de ce lien. Leur géniteur est pour eux, selon les cas, un oncle paternel ou un frère. La généalogie familiale n'a rien à voir avec l'engendrement biologique et cela d'autant plus que le mari substitutif, s'il n'a pas eu les moyens de doter une épouse pour son compte, mourra à son tour sans progéniture propre : elle lui sera constituée éventuellement par les soins d'un frère cadet ou d'un neveu. Mariage avec un mort, donc, et famille-fantôme, mais qui nous montrent que ni le sexe, ni l'identité des partenaires, ni la paternité physiologique, n'ont d'importance à eux seuls. Comme dans l'adage romain (is est pater quem nuptiae demonstant), ce qui compte, c'est la légalité du mariage, démontrée par le paiement du " prix de la fiancée ".
Mariage polyandrique. Le déni de l'importance de la paternité physiologique se trouve également, chez les Tibétains qui pratiquent le mariage polyandrique : lorsque l'aîné de plusieurs frères a pris légalement une femme, celle-ci épouse successivement chacun des frères de son mari à des intervalles réguliers d'une année. Les homme pratiquant le commerce au long cours s'arrangent de telle sorte qu'il n'y ait jamais plus d'un mari au foyer en même temps. Les enfants sont attribués à l'aîné ; ils l'appellent " père " et appellent " oncle " les autres paris de leur mère. Les frères coépoux sont considérés comme formant une seule et même chair ; ainsi ce type de famille peut-il être tenu pour une simple variante de la famille monogame ; les contractants ne se soucient pas de la réalité de leur paternité individuelle, au profit de leur paternité commune. Point important : la propriété familiale, gérée par l'épouse collective qui règne en maîtresse sur son foyer, est toujours transmise collectivement.

Passons à des situations apparemment moins étranges. Dans les sociétés matrilinéaires, la filiation est comptée et reconnue par les femmes exclusivement. Hommes et femmes du groupe matrilinéaire ont des conjoints, mais le principe de résidence peut varier selon les sociétés : tantôt les hommes se déplacent pour aller vivre auprès de leurs épouses, tantôt les femmes se déplacent pour aller vivre auprès de leurs maris. Dans tous les cas, l'autorité première, la transmission de l'héritage ne s'exercent pas du père au fils, mais de l'oncle maternel au fils de la soeur,. Chaque lignage matrilinéaire (l'ensemble des individus qui descendent par les femmes d'un même ancêtre) possède des biens qui ne peuvent en effet, être transmis à l'extérieur du groupe, ce qui serait le cas si le mère transmettait à son fils, qui appartient selon la règle de filiation au matrilignage de sa mère, les biens qu'il tient de son propre matrilignage. Chez les Senufo de Côte-d'Ivoire, matrilinéaire et polygames, chacun des conjoints reste dans sa famille d'origine, qui est alors la véritable unité domestique de production. Le soir venu, les maris partent rejoindre à tour de rôle (une par jour) leurs différentes épouses qui cuisinent pour eux et leur rendent les services ordinaires du mariage, mais ils ne résident jamais de façon permanent avec une d'entre elles et les enfants qu'ils en ont eus. L'institution est connue sous le nom de " visisting husband ", le mari visiteur. C'est une forme de famille différente de celle pratiquée par les Nayar en ce que, chez les Senufo, le mari est aussi le père de ses enfants. Si la famille est bien un donné universel, en ce sens qu'il n'existe aucune société dépourvue d'une institution remplissant partout les mêmes fonctions (unité économique, lieu privilégié de l'exercice de la sexualité, reproduction biologique, "élevage" et socialisation des enfants) et obéissant partout aux mêmes lois (existence d'un statut matrimonial légal, prohibition de l'inceste, division du travail selon les sexes), et même si le mode conjugal monogame est le plus répandu, l'extrême variabilité des règles concourant à son établissement, à sa composition et à sa survie démontre qu'elle n'est pas sous ses modalités particulières un fait de nature, mais au contraire un phénomène hautement artificiel, construit, un phénomène culturel. »



(1) La dot à la française est perçue comme une incongruité majeure par toutes les autres cultures : non seulement le père se prive de la force de travail et de la capacité de reproduction de ses filles, au bénéfice exclusif d'autres hommes, mais il faut de plus qu'il paye pour cela !

(Françoise Héritier : Les mille et une formes de la famille Le Monde – 24 Décembre 1975)



Document 19 : Le célibat


Un dernier mot sur le célibat et le statut des célibataires dans la plupart des sociétés. Dans beaucoup d'entre elles, chez les Baruya par exemple, le célibat est impensable et interdit. Tout individu, à moins d'être atteint d'une infirmité grave, doit se marier. Chez les Incas 62 tous les hommes à partir de vingt-cinq ans, toutes les femmes à partir de quatorze ans devaient être mariés ou fiancés. L’administration impériale procédait systématiquement à des recensements des populations, et contraignait les retardataires à se marier en leur imposant parfois d'office un conjoint. Cependant, le célibat est valorisé dans beaucoup de sociétés lorsqu'il est associé à l'exercice d'une fonction sociale importante, religieuse ou autre, qui exige que l'individu renonce partiellement ou complètement à la sexualité et aux responsabilités de fonder une famille.

(Maurice Godelier : « Les métamorphoses de la parenté » - Flammarion 2010)


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