L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme



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1 C'est ce qu'a souligné PETTY (Pol. Arith.), et toutes les sources contemporaines donnent les sectaires puritains, baptistes, quakers, mennonites, etc., comme appartenant pour une part à des classes démunies, et pour l'autre à des couches de petits capitalistes, les opposant ainsi les uns et les autres à l'aristocratie des gros marchands comme aux aventuriers de la finance. Mais c'est précisément de ces couches de petits capitalistes, et non des mains des magnats : monopolistes, fournisseurs de l'État, prêteurs au Trésor, entrepreneurs coloniaux, promoters, etc., qu'est né ce qui a constitué le caractère du capitalisme occidental : l'organisation bourgeoise du travail industriel sur la base de l'économie privée (voir UNWIN, Industrial Organisation in the Sixteenth and Seventeenth Centuries, London 1914, pp. 196 sqq.). Contraste parfaitement intelligible pour les contemporains; à ce sujet, comparer avec PARKER, Discourse Concerning Puritans (1641), qui souligne également la différence entre auteurs de projets et courtisans.

2 Sur la façon dont cela s'était manifesté au XVIIIe siècle dans la politique de la Pennsylvanie, spécialement durant la guerre d'Indépendance, voir SHARPLESS, A Quaker Experiment in Government (Philadelphia 1902).

3 Cité par SOUTHEY, Life of Wesley, chap. XXIX (20 éd. américaine, Il, p. 308). je suis redevable de cette référence, que j'ignorais, à une lettre du professeur Ashley (1913). Ernst Troeltsch, à qui je l'ai communiqué dans cette intention, a déjà eu l'occasion de citer ce passage.

1 La lecture de ce passage est à recommander à tous ceux qui, aujourd'hui, se veulent mieux informés sur ce sujet et plus avisés que les contemporains et les chefs des mouvements eux-mêmes; on le voit, ceux-ci savaient fort bien ce qu'ils faisaient et quels dangers les menaçaient. Il est vraiment inadmissible de contester à la légère, comme l'ont fait certains de mes critiques, des faits indiscutables - qui le sont demeurés jusqu'à présent - et dont je n'ai fait que rechercher plus soigneusement le moteur interne. Au XVIIe siècle, ces relations n'ont été mises en doute par personne (comparer avec MANLEY, Usury of six per cent Examined, 1669, p. 137). En dehors des auteurs modernes déjà cités, des poètes comme Heine et Keats, des historiens comme Macaulay, Cunningham, Rogers, un écrivain comme Matthew Arnold en ont traité comme de choses évidentes. Parmi les ouvrages les plus récents, voir AsHLEY, Birmingham Industry and Commerce (1913)Le professeur Ashley m'a fait savoir qu'il était en tous points d'accord avec moi. Sur ce problème dans son ensemble, comparer à présent avec l'étude de H. Levy citée plus haut, note 90.

2 Rien, peut-être, ne prouve mieux combien celles-ci étaient déjà évidentes pour les puritains de l'époque classique, que l'argumentation, chez Bunyan, de Mr. Money-Love: « On doit devenir religieux afin d'être riche, par exemple, pour attirer la clientèle; quant à la raison pour laquelle on devient religieux, elle est indifférente » (voir p. 114 de l'éd. Tauchnitz).

3 Defoe était un non-conformiste ardent.

1 SPENER, de son côté (Theologische Bedenken, pp. 426 sq., 429, 432), bien qu'il pense que la profession de marchand est semée de tentations et de chausses-trappes, répond ainsi à une question qui lui est posée : « je suis bien aise de voir qu'en ce qui se rapporte au commerce, mon cher ami ne nourrit pas de doutes, mais qu'il tient celui-ci pour une manière de vivre, ce qu'il est [en effet], par quoi l'on peut faire beaucoup de bien à l'espèce humaine et qui permet à l'amour de se pratiquer selon la volonté de Dieu. » Dans d'autres passages, cette idée est justifiée de façon plus serrée à l'aide d'arguments mercantilistes. Parfois, conformément à 1 Tim. VI, 8 et 9, et en se référant à Jésus ben Sira (Cf. Supra), SPENER, dans un sentiment tout à fait luthérien, dénonce le désir de s'enrichir comme le piège majeur dont il faut absolument se garder et il adopte le point de vue de la « satisfaction des besoins » (Theologische Bedenken, t. III, p. 435, en haut). Ce que, d'autre part, il atténue en rappelant que les sectaires vivent prospères tout en demeurant dévots (cf. supra, no 39). La richesse, résultat d'un travail professionnel assidu, ne pose pour lui aucun problème. Par suite de sa trame luthérienne, son point de vue a moins de cohérence que celui de Baxter.

2 BAXTER, op. cit. II, p. 16, met en garde contre l'emploi à titre de servants de « heavy, flegmatic, sluggish, fleshly, slothful persons » et recommande de préférer les godly servants, non point parce que les ungodly servants seraient de simples eye-servants, mais surtout parce que « a truly godly servant will do all your service in obedience to God, as if God Himself had bid him do it ». D'aucuns, en revanche, ont tendance à « to make no great matter of conscience of it ». Et inversement, le signe de la sainteté de l'ouvrier n'est pas la confession extérieure de la foi [199], mais la « conscience to do their duty ». On constate que les intérêts de Dieu et ceux des employeurs se confondent ici de façon troublante. SPENER (Theologische Bedenken, III, p. 272), qui, de son côté, exhorte chacun a prendre le temps de penser à Dieu, tient pour tout à fait normal que les ouvriers se contentent de loisirs extrêmement réduits (y compris le dimanche). Des auteurs anglais ont appelé fort justement les immigrants protestants les « pionniers du travail bien fait ». Voir aussi H. Levy, Die Grundlagen des ökonomischen Liberalismus in der Geschichte der englischen Volkswirtschaft, p. 53.

1 L'analogie entre la prédestination de quelques-uns, « injuste » selon le jugement des hommes, et la répartition des biens, elle aussi injuste mais voulue par Dieu, était par trop évidente. Voir, par exemple, HOORNBEEK, Op. cit. I, p. 153. En outre, comme pour BAXTER, op. cit. I, p. 380, la pauvreté est souvent le symptôme d'une paresse coupable.

2 Thomas ADAMS (Works of the Puritan Divines, p. 158) pense que si Dieu laisse tant de gens dans la pauvreté, c'est probablement parce que ceux-ci ne sauraient résister aux tentations que la richesse apporte avec elle. Trop souvent, en effet, la richesse chasse le sentiment religieux qui est dans l'homme.

3 Voir ci-dessus note 45 et l'étude de H. Levy qui s'y trouve citée. Même état de choses dans toutes les descriptions (y compris celle de Manley en ce qui concerne les huguenots).

4 Pareils éléments n'ont pas manqué en Angleterre. Tel ce piétisme qui prenant pour point de départ le Serions Call (1728) de Law, prêchait la pauvreté, la chasteté et, à l'origine, l'isolement du monde.

5 A Kidderminster - communauté absolument dépravée lors de l'arrivée de Baxter -l'activité de celui-ci, dont le succès est presque unique dans l'histoire du ministère pastoral, est en même temps un exemple de la façon dont l'ascétisme éduquait les masses en vue du travail (ou, en termes marxistes, en vue de la production de la « plus-value »); rendant ainsi possible pour la première fois leur utilisation dans les rapports capitalistes de travail (travail à domicile, tissage, etc.). Il s'agit là, généralement parlant, d'une relation de cause à effet. De son propre point de vue, Baxter pouvait insérer ceux dont il avait la charge dans l'engrenage capitaliste, afin de servir ses intérêts religieux et éthiques. Du point de vue du développement capitaliste, ces derniers entraient au service de l'« esprit » du capitalisme en devenir.

1 De plus, il est permis de se demander dans quelle mesure la « joie » que prenait l'artisan médiéval à sa « création » personnelle - joie dont on nous a tant rebattu les oreilles - a pu intervenir comme facteur psychologique important. En tout cas, l'ascétisme a dépouillé le travail de ce plaisir d'ici-bas -aujourd'hui, le capitalisme l'a détruit à jamais - et il l'a dirigé vers l'au-delà. L'exercice d'une profession [2011 est, en tant que tel, voulu par Dieu. Le caractère impersonnel du travail d'aujourd'hui, son absurdité sans joie, du point de vue de l'individu, est ici aussi transfiguré religieusement. A son origine, le capitalisme avait besoin d'ouvriers qui, pour le repos de leur conscience, fussent à la disposition de l'exploitation économique. De nos jours, ce même capitalisme est bien en selle, et il peut mettre à contribution la volonté de travail ouvrière sans avoir besoin de promettre des récompenses dans l'au-delà.

2 Sur ces oppositions et ces développements, voir le livre de H. Levy cité plus haut. L'hostilité profonde de l'opinion publique envers les monopoles - une caractéristique de l'Angleterre du XVIIe siècle - trouve son origine historique dans une combinaison des mobiles éthiques du puritanisme avec des forces politiques rivalisant pour la conquête du pouvoir, et luttant contre la Couronne - le Long Parlement a exclu de son sein les monopolistes - ainsi qu'avec les intérêts économiques bourgeois du petit et du moyen capital, lesquels s'opposaient aux magnats de la finance. Certes, la Déclaration de l'Armée du 2 août 1652, de même que la Pétition des Niveleurs du 28 janvier 1653, visaient à l'abolition des octrois, des douanes, [202] des contributions indirectes, et à l'établissement d'une taxe unique sur les estates. Mais elles réclamaient surtout le free trade, c'est-à-dire l'abolition de toutes les barrières monopolistes à l'acquisition (trade) dans le pays et à l'étranger, lesdites barrières étant considérées comme violant les droits [naturels] de l'homme. Sens similaire, déjà, pour la Grande Remontrance.

1 Comparer avec H. Levy, Die Grundlagen des ökonomischen Liberalismus in der Geschichte der englischen Volkswirtschaft, pp. 51 sqq.

2 Que les éléments qui n'ont pas encore été rapprochés ici de leurs racines religieuses -notamment l'adage - a honesty is the best policy » (dans la discussion par Franklin de la notion de crédit) - soient d'origine puritaine, cela tient à un ordre de relations quelque peu différent (voir l'étude suivante). Je me limiterai à la remarque de J. A. ROWNTREE (Quakerism, Past and Present, pp. 95-96), sur laquelle Eduard Bernstein a attiré mon attention : « Is it merely a coincidence, or is it a consequence, that the lofty profession of spirituality made by the Friends has gone hand in hand with shrewdness and tact in the transaction of mundane affairs ? Real Piety favours the success of a trader by insuring his integrity and fostering habits of prudence and forethought, important items in obtaining that standing and credit in the commercial world, which are requisites for the steady accumulation [2031 Of wealth » (voir l'essai suivant). Au XVIIe siècle, l'expression « honnête comme un huguenot » était aussi proverbiale que le respect des Hollandais pour la loi, respect tant admiré par Sir W. Temple, et que celui - un siècle plus tard - des Anglais, par comparaison avec les continentaux, lesquels n'avaient pas connu semblable apprentissage moral.

3 Fort bien analysé par BIELSCHOWSKY dans son Goethe, II, chap. XVIII. Au sujet du développement du « cosmos » scientifique, Windelband a exprimé une idée très proche à la fin de son Blütezeit der deutschen Philosophie (t. Il de la Geschichte der neueren Philosophie).

1 Saints' Everlasting Rest, chap. xii.

2 « Avec ses 75 000 dollars par an, le vieux ne pourrait-il pas prendre sa retraite? Non! la façade du magasin doit être élargie de 400 pieds. Pourquoi? That beats everything, dit-il. Le soir, lorsque sa femme et sa fille sont en train de lire ensemble, il a envie d'aller au lit. Le dimanche, il regarde l'heure toutes les cinq minutes... Quelle vie ratée ! » C'est en ces termes que le gendre (émigré d'Allemagne) du principal dry-goods man d'une ville de l'Ohio résumait son jugement sur son beau-père; jugement que l'autre, sans doute, aurait de son côté trouvé incompréhensible et qui lui serait apparu comme un symptôme du manque d'énergie des Allemands.

1 Cette seule remarque (que j'ai laissée inchangée dans cette nouvelle édition) aurait pu Montrer à BRENTANO (op. cit.) que je n'ai jamais douté de sa signification indépendante. Dans les Abhandlungen der Münchener Akademie der Wissenschaften, 1919, Borinsky a récemment souligné, de nouveau et avec force, que l'humanisme non plus n'était pas pur rationalisme.

2 Le discours académique de VON Below, Die Ursachen der Reformation (Fribourg 1916), ne traite pas de ce problème, mais de celui de la Réforme en général, et de Luther en particulier. Pour les questions débattues ici, spécialement à propos des controverses qui se sont élevées au sujet de la présente étude, renvoyons pour finir à l'ouvrage d'HERMELINK, Réformation und Gegenreformation, lequel est, en tout état de cause, consacré au premier chef à des problèmes différents.

3 En effet, la présente étude n'a pris en considération que les relations où une influence des idées religieuses sur [206] la civilisation « matérielle » est indubitable. A partir de là, il eût été facile de passer à une,( construction » formelle qui aurait déduit logiquement du rationalisme protestant tout ce qui « caractérise » la civilisation moderne. Mais laissons cela aux dilettantes qui croient à l'« unité » d'un « psychisme collectif » qui serait réductible à une formule. Bornons-nous à remarquer, comme il se doit, que, pour ce qui est du développement capitaliste, la période située avant celle que nous avons étudiée a partout dépendu pour une part d'influences chrétiennes qui tantôt entravaient ce développement, tantôt le favorisaient. Définir la nature de cellesci fera l'objet d'un chapitre ultérieur. D'ailleurs, il n'est pas certain que l'un ou l'autre des problèmes sommairement esquissés ci-dessus puisse être discuté dans une revue comme celle-ci [1904], étant donné les questions auxquelles elle se consacre. Mais j'ai peu d'inclination pour écrire les gros volumes qui s'imposeraient en pareil cas, et qui devraient en outre s'appuyer sur les travaux (théologiques et historiques) d'autrui. (J'ai laissé ces lignes telles quelles [1920].)

Sur la tension existant entre idéaux et réalité à l'époque « capitaliste primitive » antérieure à la Réforme, voir maintenant STRIEDER, Studien zur Geschichte der kapitalistischen Organisationsformen, 1914, livre II (également contre l'ouvrage de Keller, cité plus haut, qui a été utilisé par Sombart).



1 J'aurais cru que cette phrase, ainsi que les remarques et notes qui la précèdent immédiatement, aurait suffi à prévenir toute espèce de malentendu au sujet de ce que je me proposais de faire dans cet essai, et je ne vois aucun motif d'y ajouter quoi que ce soit [1920]. Au lieu de donner immédiatement à cette étude la suite primitivement projetée, dans l'esprit du Programme défini ci-dessus, j'ai pris en son temps le parti de mener d'abord à bien quelques études comparatives sur les relations entre religion et société dans l'histoire universelle. En partie pour des raisons contingentes, mais surtout à la suite de la publication de l'ouvrage de TROELTSCH, Die Soziallehren der christlichen Kirchen und Gruppen, qui a pu régler nombre de points que j'aurais eu à discuter et mieux que je n'aurais fait, n'étant pas théologien; enfin, pour remédier aussi à l'isolement de cette étude et lui donner sa Place dans l'histoire de la civilisation. On trouvera ces études à la suite. Je les ai fait précéder d'un bref essai, destiné à la fois à clarifier le concept de secte utilisé ci-dessus et à souligner la signification de la conception puritaine de l'Église pour l'esprit capitaliste des temps modernes.


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